Et si des collégiens débarquaient…

En participant aux Journées nationales des jeunes, les entreprises font découvrir leurs métiers aux enseignants et aux élèves.


ÉDUCATION Des chefs d’entreprise qui se plaignent de ne pas parvenir à recruter, alors que les jeunes ont tant de mal à décrocher un premier job… Pour lancer des passerelles entre des mondes qui peinent à communiquer – les entreprises, la jeunesse et l’école -, Claudine Schellino, 61 ans, ex-entrepreneuse, a créé en 2011 les Journées nationales de la jeunesse (JNDJ). Ou comment faire venir dans les entreprises des collégiens et des lycéens qui souvent n’y ont jamais mis les pieds et n’imaginent parfois même pas y avoir un jour leur place.

Cette mère de deux enfants, qui a dirigé son agence de tourisme d’affaires, vendue en 2004, s’est ainsi inventé une deuxième vie « enthousiasmante » de bénévole, qui a déjà permis à près de 280 000 adolescents de visiter, dans le cadre scolaire, avec leurs enseignants, des usines ou des bureaux pas très loin de chez eux. Et surtout de découvrir la vie quotidienne de ceux qui y travaillent.

« Les enfants posent plein de questions. Certains repartent avec de grands sourires, en ayant découvert par exemple que le numérique, ce n’estpas seulement jouer aux jeux vidéo, ou qu’on peut avoir un emploi administratif… dans une usine, résume celle qui veut aussi faire changer le regard sur la jeunesse. En France, elle est souvent stigmatisée, dévalorisée. D’autres pays lui font bien plus confiance que nous. Pourtant, les jeunes que je rencontre sont merveilleux. »

Si de nombreux événements sont prévus du 30 mars au 3 avril, pour une semaine un peu particulière, c’est désormais toute l’année que les entreprises peuvent, directement sur la plateforme internet jndj.org, proposer d’ouvrir leurs portes aux enseignants qui souhaiteraient venir avec leurs
classes. Sur ce site, chacune précise si elle s’adresse à des collégiens ou à des lycéens, dans son bassin d’emploi ou au-delà, pour une ou plusieurs visites. « C’est très simple et gratuit », rappelle Claudine Schellino.

De mini-ateliers de codage

Les enseignants se connectent à cette même plateforme pour choisir l’entreprise qu’ils visiteront. Ils y trouvent aussi un kit pédagogique (déjà téléchargé 56 000 fois), pour préparer cette sortie scolaire un peu inhabituelle. « Nous sommes maintenant très bien soutenus par l’Éducation nationale, qui envoie deux vagues de courriers par an aux enseignants pour les sensibiliser à notre action » , se réjouit la créatrice des JNDJ, également membre de l’Observatoire éducation et médias au CSA.

Cette année, L’Occitane, Paprec, Aigle, Vivendi ou BNP Paribas Cardif, font partie des entreprises candidates pour accueillir les jeunes visiteurs. « Des petites entreprises, des artisans, comme des chocolatiers ou des potiers proposent aussi régulièrement d’ouvrir leurs ateliers », raconte Claudine Schellino, qui préside l’association Banyan, organisatrice des JNDJ. Pour accueillir des collégiens dans ses locaux d’Issy-les-Moulineaux, Capgemini a par exemple imaginé de miniateliers de codage.

« Les lycéens, eux, apprécient surtout d’interroger les équipes sur les métiers, les parcours… et de découvrir les applications industrielles ou techniques du numérique ou des drones », relève l’entreprise, qui compte développer les mêmes initiatives dans certains de ses bureaux de province. Larançon du succès ? Monoprix ou Bic, qui ont expérimenté la formule les années passées, sont désormais débordés : les jeunes se bousculent pour y faire leur stage de troisième, leur apprentissage…