Économie et management, n° 155, avril 2015

Le rôle de l’enseignement dans l’encouragement d’attitudes et de comportements plus entrepreneuriaux est aujourd’hui reconnu. Des initiatives sont prises pour stimuler l’esprit d’entreprise des jeunes, encourager le lancement d’activités innovantes et promouvoir une culture plus favorable à l’entrepreneuriat.

Véronique Blanc et Hélène Cénat ont accepté d’enrichir, pour Économie et Management, la communication qu’elles ont faite sur le thème de l’éducation à l’entrepreneuriat lors des dernières Journées du management, le 14 octobre 2014. La #JNDJ vous livre quelques extraits de cet article.

Dans le cadre des Journées du management 2014, AGEFA PME et le Cerpep ont présenté des acteurs associatifs travaillant sur l’esprit d’entreprendre. Quels étaient les objectifs ?

Véronique Blanc – Plusieurs reproches sont faits aux enseignants et parmi ceux-ci, deux reviennent régulièrement : les enseignants ne connaissent pas assez les entreprises et ils ne travaillent pas suffisamment sur les capacités de créativité et d’innovation de leurs élèves, ce qui donne peu l’esprit d’entreprendre aux jeunes. C’est pourquoi, à l’occasion des Journées du management organisées sur le thème  » la PME dans tous ses états « , nous avons souhaité présenter aux enseignants présents, différents programmes pédagogiques qui ont la spécificité de choisir comme objet d’études l’entreprise de façon active, créative et innovante. Ces outils pédagogiques sont développés depuis quelques années par des acteurs associatifs parfois peu connus, ce qui les a poussés à se regrouper dans le cadre du mouvement  » Entrepreneurs demain ! « , lancé officiellement en octobre 2013, lors du colloque national de l’Association Jeunesse et Entreprise, par le ministre de l’Éducation nationale.

Hélène Cénat – En effet, ce mouvement a été cofondé par AGEFA PME et la Fondation Entreprendre en 2013, et les associations que nous avons choisies de présenter ambitionnent d’accompagner les enseignants dans leur travail de sensibilisation des jeunes à l’esprit d’entreprendre. Les programmes proposés visent à stimuler la créativité des élèves de façon à leur donner envie de passer de l’idée au faire. Ces acteurs conduisent leurs actions en s’appuyant sur la définition de l’esprit d’entreprise de la commission européenne :  » L’aptitude d’un individu à passer des idées aux actes. Il suppose de la créativité, de l’innovation et une prise de risques, ainsi que la capacité de programmer et de gérer des projets en vue de la réalisation d’objectifs. »

Cela signifie-t-il qu’il faut pousser les jeunes à devenir entrepreneurs ? Est-ce le rôle de l’école ?

Hélène Cénat –  Informer et former les jeunes à l’esprit d’entreprendre, ce n’est pas réduire le discours à la création d’entreprise. Faire prendre conscience aux jeunes de leurs talents à travers la démarche entrepreneuriale, c’est un moyen de les motiver à prendre en main leur vie, à se projeter dans un métier futur. En effet, les jeunes actuellement en formation ne seront pas tous créateurs ou repreneurs d’entreprise, mais ils seront tous porteurs de projets dans le cadre de leur milieu de travail comme dans leur vie de citoyen.

Véronique Blanc – En France, la formation à l’entrepreneuriat est liée à la  » découverte professionnelle  » et à l’orientation professionnelle. Nos programmes nationaux ne comportent pas ce type d’enseignement de façon explicite. En revanche, des enseignants volontaires développent ce genre d’activités en partenariat avec des acteurs présents sur les territoires proches des établissements ; il s’agit parfois d’entreprises, et en particulier d’entrepreneurs, mais aussi d’associations comme celles que nous avons présentées aux Journées du management. On constate de réelles évolutions en ce qui concerne la reconnaissance de la notion d’entrepreneuriat par un certain nombre de personnels, mais beaucoup reste encore à faire pour parler de reconnaissance du système éducatif.

Article paru dans la revue économie et management du Réseau Canopé
Propos recueillis par Frédéric Larchevêque à lire dans Économie et management, n° 155, avril 2015 en cliquant ici